Bonjour chers clients,
Cette note est un peu plus longue que celles des derniers jours, mais le contexte en vaut la peine.
La semaine qui vient de se terminer en fut une autre de chutes et de rebonds sur les marchés, le tout dans une tendance générale à la baisse pour toutes les principales bourses. Le positionnement défensif de vos portefeuilles demeure donc tout à fait adéquat et vous permet de mieux protéger votre capital.
À l’intérieur de l’autre grande classe d’actifs (les obligations), la semaine s’est terminée sur une remontée des obligations gouvernementales par rapport aux obligations de sociétés, ce qui encore une fois est favorable au positionnement que nous avons mis en place en prévision du ralentissement économique attendu.
Une des questions les plus fréquemment lancées en ce moment, et avec raison, c’est quand devrions-nous réinvestir dans les actions? Nous vous disions dans nos communications des derniers jours qu’il valait mieux pour l’instant attendre de voir l’ampleur du ralentissement économique avant de refaire confiance au marché boursier.
On pourrait vouloir se baser sur les incidences précédentes d’une telle baisse des marchés, mais le problème avec les bear markets est qu’ils sont pratiquement tous différents dans leurs origines et leurs dénouements. Une des caractéristiques cruciales à connaitre avant de déterminer quand le plancher pourrait être atteint (et quelle sera la lenteur du rebond boursier) est de savoir s’il y aura une récession ou non. Sur ce plan, c’est unanime, on voit mal comment elle pourrait être évitée et cela porte à croire qu’il y a encore de l’espace à la baisse pour les bourses.
Les nécessaires mesures de précaution et de distanciation sociale qui mènent à la fermeture de plusieurs commerces et à la mise en veille temporaire de plusieurs industries ont déjà commencé à montrer les signes d’un ralentissement économique sévère, que l’on espère voir disparaitre rapidement avec le coronavirus.
Un des premiers signalements très concrets des impacts économiques du Covid-19 est arrivé cette semaine avec les nouvelles demandes auprès de l’assurance-emploi. Alors qu’à pareille date l’an dernier les demandes avaient totalisé 27 000 au Canada, elles ont été cette semaine de 500 000, soit pratiquement 20 fois plus. Évidemment, un record.
Sur le plan corporatif, les investissements et sles transactions de fusions ou acquisitions ont aussi ralenti, reflétant une confiance dans l’environnement économique des prochaines semaines qui s’est littéralement évaporée, malgré les massives aides gouvernementales monétaires et fiscales partout sur la planète. Dire que Donald Trump avait au départ parlé d’une «généreuse» aide de 2 milliards US pour contrer les conséquences du coronavirus. Dans un plan annoncé ces derniers jours, c’est tout bonnement 600 fois plus, soit un plan de 1200 milliards US, qui a été dégagé par le Trésor américain… Globalement dans le monde, on parle actuellement d’aides gouvernementales de plus de 4000 milliards en dollars canadiens (autrement dit, c’est plus de 4 millions de millions). Ces chiffres dépassent l’entendement et illustrent l’ampleur de ce que les gouvernements combattent.
Donc pour revenir à la question qui nous occupe, à quand une augmentation de l’exposition aux actions? Devant la situation présente, un adage connu en finance est de mise : Do not try to catch a falling knife. Il vaut mieux prendre le temps qu’il faudra pour voir les marchés se stabiliser et, comme nous le disions la semaine dernière, on peut mieux se permettre de voir arriver la remontée quand on a évité la plus grosse partie de la débandade comme c’est le cas pour vos portefeuilles défensifs. Surtout que ces temps-ci les mouvements de marchés sont si brusques et extrêmes qu’on a vu plusieurs arrêts automatiques des transactions visant à calmer le jeu être déclenchés depuis le début du mois (trading halts). Il est donc pratiquement impossible de se fier aux mouvements actuels pour dégager un portrait clair, sinon qu’il est trop tôt pour annoncer la fin du cycle baissier. Le tout sera certainement fortement lié à une victoire globale contre le coronavirus qui demeure à la source des bouleversements et ce, beaucoup plus que la guerre du pétrole entre la Russie et l’OPEC.
Tel que mentionné, il est intéressant de survoler l’historique des bear markets des dernières décennies pour voir à quel point ils différaient (voir tableau en fin de note). Si on prend les 10 occurrences de marchés baissiers du S&P depuis la Deuxième Guerre mondiale, on observe que jamais un bear market n’a été corrigé en moins de 3 mois. C’était en 1982 alors que le contexte économique était fort différent avec des taux d’intérêt stratosphériques et beaucoup d’inflation. À l’autre extrême, il a déjà fallu jusqu’à 66 mois pour récupérer la baisse. C’était en 1974 en contexte de crise du pétrole comme aujourd’hui, mais les prix étaient à l’opposé très élevés avec un embargo imposé par les principaux pays producteurs.
Plus près de nous, les années 2000 ont connu trois bear markets. L’éclatement de la bulle technologique aura pris 53 mois à se corriger, la crise financière de 2008-2009 aura mis 47 mois, et le marché baissier de 2018 dû à la guerre commerciale entre les USA et la Chine aura été de plus courte durée avec une récupération en 4 mois et l’absence d’une récession, facteur majeur tel que nous le soulignions précédemment.
Si on fait une moyenne de tous ces bear markets depuis la Deuxième Guerre mondiale, les marchés boursiers ont mis 12 mois à atteindre leur creux et 24 mois à le récupérer. Appliquer directement ce calcul à notre stratégie serait mal avisé puisque les contextes sont tellement différents, mais force est d’admettre que devant la quasi-certitude d’une récession prochaine et avec les chiffres économiques qui commencent à le signaler, un positionnement défensif demeure de mise.
La baisse actuelle (pour le moment) n’est pas très éloignée de la moyenne de 34% des cas inclus au tableau. Ce qui distingue clairement ce dernier épisode, c’est le fait que c’est la première fois qu’un bear market a été atteint si rapidement. Comparativement à la moyenne de 12 mois qu’il a fallu pour atteindre le plancher lors des autres occurrences, nous sommes à peine à un mois du sommet de la mi-février, point de départ de la baisse.
What now?
Si nous pensons qu’il est trop tôt pour déclarer la fin du bear market, nous ne sommes pas inactifs pour autant. Nous avons travaillé à un plan de réinvestissement éventuel dans les actions lorsque les signaux seront plus clairs à cet effet et que la période d’incertitude historique que nous traversons se sera estompée. D’ici là, nous pensons qu’un portefeuille diversifié, mais défensif, est le meilleur positionnement à conserver.
Quoi qu’il arrive, nous serons prêts à agir pour protéger et faire fructifier vos actifs.
Bonne fin de semaine et prenez soin de vous!
Votre équipe
Historique des 10 derniers bear markets
(S&P500 – Chiffres arrondis)
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