Le fondamental

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Bonsoir chers clients,

Nous ne savons pas pour vous, mais en ce qui nous concerne nous ne nous souvenions pas d’avoir vu le deuxième trimestre d’une année commencer sans la moindre blague de poisson d’avril. C’est comme si l’énergie mentale des gens était trop concentrée à tenter de s’ajuster tant bien que mal à une situation un peu surréaliste où les incertitudes sont si nombreuses. Cette année coronavirus en sera une pour les livres d’histoire.

Les faits rattrapent même l’ineffable Donald Trump qui affirmait récemment que tout rouvrirait pour Pâques, mais qui parle finalement plutôt à ses concitoyens de semaines très pénibles à venir à cause des conséquences sanitaires et économiques du virus. Le président commence à réaliser que la pénurie de main-d’œuvre ne sera plus exactement le principal problème des économies nord-américaines pour un certain temps.

Même la Chine découvre ces jours-ci une conséquence sociale imprévue de la crise sanitaire: les demandes de divorce ont bondi à la suite d’une période de confinement qui a testé certaines limites. Mais revenons aux marchés financiers.

Intensité anormale

Ces jours-ci, que les bourses varient à la hausse ou à la baisse, l’ampleur des mouvements est d’une rare intensité – même si les valeurs absolues sont un peu moindres et peuvent donner l’impression que ça se calme quand on voit que la variation n’est « seulement » que de 1% ou 2%. Cette volatilité devrait inciter tous les investisseurs à la plus grande prudence.

Afin d’illustrer ce que pourrait être la normalité pour le S&P500 par exemple, considérons un rendement de 10% par année. Sur 252 jours d’activité boursière dans l’année, ce 10% équivaut à une moyenne de moins de 0,04% par jour de rendement. Pas 4% mais bien 4 centièmes de 1%.

Comparons cela aux journées du dernier mois où plusieurs points de pourcentage par jour sont gagnés ou (surtout) perdus, équivalant à chaque fois à plusieurs dizaines, voire centaines de journées plus normales.

Le fondamental est… fondamental

Depuis la lettre de lundi, un trimestre s’est terminé (à la baisse) et un autre a débuté (à la baisse). Cette crise boursière aura une fin, nous le savons tous. Mais comme le précisait l’ancien patron d’un des plus grands fonds au monde, au lieu de tenter de prédire avec précision les prochains chiffres économiques ou encore le creux de la crise boursière, mieux vaut observer les tendances, les marges de manœuvre et les principes sous-jacents au fonctionnement d’une économie.

C’est ce que nous faisons et c’est ce qui avait mené à positionner les portefeuilles de façon défensive bien avant la crise actuelle, au grand bénéfice des détenteurs.

Les marchés financiers ont déjà connu des éclosions de virus dans le passé et à chaque occasion les bourses avaient récupéré les baisses à l’intérieur d’une année. Verrons-nous la même chose cette fois-ci? On peut d’abord se demander si le sommet de départ de la mi-février était raisonnable en soi, quand on note que les principaux acheteurs ayant mené à ce niveau historique étaient les compagnies elles-mêmes qui rachetaient leurs actions, souvent pour en gonfler la valeur. Une correction semblait donc due aux yeux de ceux qui, tel que mentionné ci-haut, observaient les tendances et certains principes économiques fondamentaux malgré le positivisme aveuglant d’un long bull market.

Éternuer même sans virus

La Covid-19 a très certainement accéléré à peu près tout dans cette crise et elle demeure le principal facteur d’incertitude qui peut empêcher les choses de revenir à la normale. Mais outre la crise sanitaire, le système financier lui-même montrait des signes de maladie, signes qui deviennent plus visibles avec les mesures de confinement menant à une fermeture technique de l’économie.

Ces mesures amèneront manifestement d’importantes pertes de revenus pour de nombreuses entreprises. Ces pertes de revenus seront d’autant plus difficiles à subir que l’endettement sera élevé. Or, depuis la crise de 2008, des taux d’intérêt minimes et une création substantielle de liquidité par les banques centrales ont tout mis en place pour faire grimper l’endettement.

Si bien qu’aujourd’hui, les niveaux d’endettement sont beaucoup plus élevés qu’à l’aube de la crise financière de 2008 ou de la bulle technologique des années 2000. Tout étant relié, cet endettement découle entre autres du rachat massif de ses propres actions tel que mentionné précédemment. Quand tout va bien, une dette peut être productive et gérable. Mais quand les choses (dont les revenus) tournent mal, cette même dette peut être fatale. Les agences de notation ont d’ailleurs préparé les marchés à plusieurs révisions de cotes de crédit à la baisse.

Du côté des ménages, l’endettement est aussi fort présent alors que la consommation – souvent à crédit – a solidement pris le pas sur l’épargne et que la prochaine paye est vitale au fonds de roulement. La combinaison de cette donnée avec des millions de personnes qui se retrouvent subitement au chômage n’augure certes pas pour le mieux pour l’économie à court terme.

À mesure que les courbes de contagion de la Covid-19 se préciseront et que les nouvelles économiques du deuxième trimestre défileront, il deviendra plus raisonnable de déterminer un point de réinvestissement dans des classes d’actifs plus risqués.

D’ici là, prenez bien soin des vôtres. Nous prendrons soin de vos actifs avec toute la diligence – et le fondamental – qui s’impose.

Votre équipe